Quel type d'arçon choisir, flexible ou rigide?

 

L’apparition de l'arçon:

Dans l'histoire de la selle, l'arçon est apparu très rapidement pour augmenter la qualité des rapports entre le cavalier et son cheval. Même les indiens d'Amérique, réputés cavaliers hors pairs, ont bien vite abandonnés leur monte "à cru" pour adopter l'arçon des colons ! Ils ont vite compris que grâce à l'arçon , ils fatiguaient beaucoup moins leur montures et surtout ils devenaient beaucoup plus efficaces pour tirer à l'arc puis à la carabine. De même, en Asie centrale, où les armées de Gengis Khan n'auraient jamais pu faire de telles conquêtes, de la Chine au Danube, sans leur fameuse selle avec leur arçon en bois de peuplier. On le comprends, l'apparition de l'arçon est liée au développement de l'équitation utilitaire: travail, chasse ou guerre. Pour une simple exigence d'efficacité, les selliers (arçonniers) ont du mettre au point des arçons de plus en plus performants et spécialisés, qui permettent la meilleure utilisation (plus loin, plus longtemps et plus vite !) tout en gênant le moins possible le cheval car si celui-ci perd son intégrité, il devient inopérant ! Beaucoup de déclinaisons possibles sont donc apparus au cours des siècles, des pires et des meilleures, des extravagantes et des géniales!

Loin d'être un instrument de torture (quel en serait l'intérêt ?) comme le sous-entendent quelques théories récentes, dignes du new-âge des années 80, l'arçon a un rôle essentiel.

Le rôle de l'arçon:

En premier, il doit assurer la meilleure répartition possible du poids sur le dos du cheval (trapèze dorsal et grand dorsal). L'objectif est bien sûr, de le gêner le moins possible, afin qu'il puisse se déplacer dans les meilleures conditions, quelque soit l'allure et le terrain. N'oublions pas aussi que l'arçon a permis l'usage "actif" de l'étrier qui a été une révolution dans la façon de monter. En second, il doit permettre l'autonomie du cavalier par rapport aux mouvements du cheval. il est évident que le cavalier "à cru" où "sans arçon" ne peut prétendre à l'indépendance de ses mouvements, ce qui est pourtant la base de l'équitation, car il est intimement lié au moindre mouvement et il se fait donc "balader", ce qui est le contraire de l'équitation ! L'arçon, pièce intermédiaire entre ces 2 êtres vivants, va autoriser l'indépendance des jambes (jambes isolées) et des mains (mains fixes) mais aussi une plus grande précision dans les mouvements de bassin. Relire à ce propos les écrits des grands cavaliers de l'équitation de légèreté...

 

Les arçons rigides:

Les avantages:

Le plus évident est leur solidité, bien qu'il faille nuancer en fonction du matériau et de la qualité de la fabrication. Leur conception  leur donne une cohérence qui leur permet de supporter des efforts conséquents.

Le confort de ce type d'arçon va dépendre non plus de sa souplesse mais directement de sa forme, autant côté cheval que du côté cavalier. Si sa forme est réussi, c'est le top du confort pour le cavalier, sachant toutefois que ces arçons sont d'abord fait pour une position assise et que c'est donc aux allures assises qu'on les appréciera le plus. Étant plus larges que les arçons souples, ils offrent une surface de siège souvent plus grande et permettent donc une position plus reposante: le cavalier n'a pas d'effort à faire pour « se porter » ce qui semble logique quand on monte à cheval ... sinon on marche à pied ! La position sera donc plus naturelle et surtout plus économique pour les jambes qui doivent tomber de leur propre poids.

Le siège avec son troussequin, souvent assez haut, est sécurisant.

Cela fait aussi partie du confort du cavalier, la facilité d'accrochage du paquetage et de tous les accessoires possibles est supérieure à celle des arçons souples. Mais le principal avantage à ce niveau est la possibilité de solidariser l'ensemble arçon-sacoches ce qui, non seulement accroît la fiabilité de l'ensemble, mais surtout constitue un poids beaucoup plus « cohérent » sur le dos du cheval qui n'a pas l'impression de transporter une épicerie en vrac sur le dos !

Si la surface portante est souvent supérieure, là encore l'avantage de l'arçon indéformable est qu'il va répartir son poids sur l'ensemble du contact qu'il aura avec le dos du cheval.

Les inconvénients:

L'arçon, étant rigide, offrira évidemment un contact ferme pour le dos du cheval . Il faut donc impérativement être très vigilant sur l'emplacement de l'arçon sur le cheval, généralement plus en arrière, et surtout choisir un tapis conséquent qui remplacera le rôle des matelassures d'une selle anglaise. Un tapis fin de selle anglaise ne peut pas servir pour une selle à arçon rigide.

Le contact du siège est bien sûr ferme lui aussi, même si la tendance de proposer des sièges « commerciaux » est bien installée (le siège « commercial » est un siège où on augmente exagérément l'épaisseur de mousse du siège pour faire croire qu'il est confortable ), il demande donc un bassin actif qui accompagne le cheval. Un cavalier venant de la selle anglaise aura toujours besoin d'une période d'adaptation et devra ré-apprendre à s'asseoir. De toute façon, ce type de siège sera toujours plus ferme: la différence de confort ne se fera sentir que sur la longueur !

Les arçons flexibles:

Les avantages:

Ils sont flagrants ! Tout en gardant les qualités de portance des arçons rigides ainsi que toutes les possibilités d'attaches, les même possibilités de sanglage et bien sûr les mêmes formes de siège, ils apportent un confort nettement supérieur pour le cheval et le cavalier: c'est les avantages des fameuses "sans arçons" sans les inconvénients

L'arçon se déforme longitudinalement, mais aussi en torsion ce qui lui permet "d'absorber" les mouvements du dos sans le heurter. De plus, fini les selles qui font le "pont" sur un dos creux puisque l'arçon va descendre naturellement pour prendre sa place. Pour le cavalier, c'est le confort du "rigide" monté sur pneumatique ! Le trot assis devient une sorte d'état second dans lequel on pourrait faire le tour de la terre !

Ajoutons, que les arçons flexibles sont un peu plus légers (densité plus faible) que leurs homologues rigides ... et c'est toujours çà de pris !

Les inconvénients:

Bien que mineurs, il y en a aussi ! Le plus évident que nous ayons constaté est que ce type d'arçon est un peu moins stable que le même en version rigide  pour les chevaux très ronds sans garrot apparent . Pour l'avoir testé  en montagne sur une jument au garrot noyé, cela reste très supportable si l'on prends les précautions nécessaires. Ajoutons à cela une petite fragilité, du point de vue de l'ancrage des vis, aux arçons rigides malgré que nous ayons eu aucun problème particulier à ce niveau depuis plusieurs années d'utilisation maintenant. Même si ce n'est pas réellement un inconvénient, nous pensons que dans le cas de selle de voyage destinées à porter du poids pendant de très longues périodes, les avantages du flexible s'estompent par rapport au rigide qui restera quand même toujours plus fiable et surtout, la répartition des charges sera plus constante.

 

Et la selle sans arçon?

An siècle dernier, on l'appelait la bardette, elle était utilisée par les paysans pour aller à la foire et beaucoup de cavaliers qui ont débuté en poney-club s'en souviennent encore !

Il existe actuellement une vogue en équitation de loisir, d'une selle totalement souple sensée porter au comble les sensations du cavalier et sûrement du cheval. Pourquoi pas ? A priori, il semble que ces cavaliers ne sortent pas de la carrière et surtout restent sur le plat: les vrais randonneurs ne sont donc pas vraiment concernés. Les quelques expériences de grande randonnée avec ce type de selle ce sont avérées catastrophiques pour les chevaux qui sont arrivés avec le dos couvert de plaies . Nous pensons plus particulièrement à une expédition de promo qui est partie d'Allemagne jusqu'en Suède avec des Fjords qui sont arrivés dans un tel état que des cavaliers scandalisés se groupés pour empêcher le retour avec les mêmes selles ...!

L'idée parait séduisante au 1er abord, mais l'argumentaire de ses promoteurs n'est pas très cohérent et rappelle étrangement les grandes théories du New-Âge des années 80. L'arçon serait un instrument de torture uniquement au service de méchants cavaliers qui n'aiment pas les chevaux ...

Le rôle d'un arçon est de répartir le poids du cavalier et surtout de dégager l'échine (en particulier les apophyses épineuses des vertèbres dorsales) point essentiel de la santé du cheval. Dans son essai d'ostéopathie équine qui fait référence, le docteur Giniaux dit: "il parait évident que la répartition du poids du cavalier ait un retentissement sur l'équilibre général du cheval ".Or une selle sans arçon, qui n'est en fait qu'un tapis "habillé" en selle ne peut respecter correctement cet impératif. Elle est d'abord trop mobile (elle a forcément tendance à avancer vers les dorsales 9, 10 et 11) et surtout elle s'écrase sous  l'action du cavalier. L'appui se fait obligatoirement sous le cavalier (15 à 20 cm max) et le cheval "encaisse" tous les mouvements directement sur sa colonne ! C'est moins pire s'il reste assis, mais s'il se lève sur les étriers, la pression ne se fera plus que sur une portion encore plus réduite. Pour preuve, les promoteurs de ce type de matériel recommandent un tapis spécial, quasi-obligatoire, rembourré fortement à l'endroit des bandes d'arçon ce qui éloigne fortement le cavalier du cheval alors qu'il est sensé être "au plus près" et surtout qui montre que la selle sans arçon est dangereuse pour l'intégrité de la colonne vertébrale .

La plupart des marques commercialisées depuis peu en France conseillent l'utilisation systématique d'un montoir...  En fait, il s'avère que la selle tourne très facilement, ce qui est logique ... puisqu'il n'y a pas d'arçon - elle avance aussi beaucoup, ce qui est plus grave ! De plus, ils proposent, en "option fortement conseillée", un troussequin rigide et une arcade de pommeau (petite armature polyester dans une housse copiée des modèles de selles synthétiques), la selle sans arçon aurait-elle besoin d'une structure ? Si on attends un peu, on va bientôt proposer des bandes d'arçon et la boucle sera bouclée ! Quoique avec les tapis renforcés , on y est pas loin. Certaines marques déconseillent l'usage à des cavaliers trop lourds ce qui laisse à penser qu'ils ont eux-mêmes un doute ...

 

Merci à Mr Jean-Michel GUICHARD, sellier et randonneur, qui nous a autorisé à diffuser cet extrait de son article passionnant sur les arçons.

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